Spectacle sur l’accueil des ressortissants étrangers.
Madame Ouedraogo a une petite sœur qui vit en Europe, elle a épousé un blanc, un « nasaara ». Il y a dix ans qu’elles ne se sont pas vues. Et il a fallu un cadeau de la petite sœur pour qu’enfin, elles puissent se revoir. Madame Ouedraogo a reçu son billet d’avion et le certificat d’hébergement, sésames indispensables afin d’obtenir le visa qui coûte cher. Le visa, pour un mois, équivaut au revenu mensuel de Madame Ouedraogo, toutes ces formalités longues et coûteuses étonnent. Les blancs doivent-ils remplir toutes ces conditions pour se rendre en Afrique, se dit-elle ? De toute manière, ils sont venus souvent sans même être invités, mais enfin… Elle obtient son visa. Bonjour l’Europe !
Le projet Nous avons voulu une histoire simple, un exemple de nos frilosités à accueillir l’autre, notre personnage n’est pas un clandestin, il n’envisage pas d’immigrer, de rester chez nous. Non, rien de tout ça, il rend visite à sa famille, ni plus ni moins. Notre histoire se permet d’aller au-delà d’une réalité, elle anticipe un avenir que nous ne voulons pas, celui de la suspicion à l’égard de l’étranger, du rejet de ce qui n’est pas nous. Notre personnage, nous le proposons comme un miroir. Que dirions-nous si demain, pour nous rendre dans un pays non européen, l’on exigeait, afin d’obtenir un visa, un certificat de prise en charge émanant de notre hôte et le prévenant de toutes les misères auxquelles il s’expose en nous accueillant ? Que penserions-nous des accueils suspicieux aux aéroports ? Et aux contrôles systématiques aux frontières, que dirions-nous ? Notre histoire est simple, gênante, pourtant, elle ne tient pas compte de ce qui est pire encore quant à la réalité des étrangers en situation dite illégale.
« Adieu l’Europe » est une occasion d’en parler et de s’opposer aux lois et règlements aux mémoires courtes.