Cette année, mai 1968 est commémoré à toutes les sauces.
Contrairement à ce qui est communément raconté, les événements ne se sont pas limités à des barricades étudiantes et un grand carnaval dans le quartier latin.
En France, ce qui fut la plus grande grève générale du pays, est souvent passé sous silence. Le caractère international de la révolte est aussi occulté. Oublié la dynamique de la révolution vietnamienne, cubaine, des luttes anti-bureaucratiques dans les pays dit socialistes, des combats des noirs, et de tant d’autres dans le sillage des années suivantes ; mouvements des femmes, des homosexuels, des prisonniers, des prostituées, des minorités ethniques, etc.
Ce mai 1968 qu’on essaye de nous faire apparaître comme une fulgurance, venue de nulle part, s’est pourtant mijoté dans les arrières cuisines du capitalisme, là où les contradictions s’échauffent, bouillonnent, et si l’on n’y prend garde, font exploser les marmites.
Laissons ce mai 1968 aux historiens.
Voyons plutôt les ingrédients du mets épicé qui se prépare aujourd’hui sous nos yeux.
Il faudrait d’ailleurs parler de menu tant la liste des plats s’allonge.
La crise est celle du capitalisme dans son ensemble et dans chacun de ses aspects. Crise écologique, économique, sociale, politique, éthique : un cocktail qui s’appelle « faillite totale ».
Un mécanisme dont les ressorts se tendent au quotidien est en place et le tic-tac conduisant à l’explosion est entendu par chacun.
Les forces de ce vieux monde se rassemblent pour tenter un ultime sauvetage. Nationaux-populistes, droite classique radicalisée, et authentiques néofascistes convergent pour se préparer à l’inéluctable affrontement.
C’est depuis longtemps que « Ceux d’en haut » ont déclaré la guerre à « ceux d’en bas » et que pour la mener ils ont construit des systèmes de propagande, de surveillance et de répression à des niveaux jamais atteints.
Mais cela ne suffit pas à contenir la montée des résistances. Des centaines de milliers de jeunes américains dans la rue contre les armes, aux combattants kurdes des YPG en Syrie, des ZAD de tous les pays aux innombrables révoltes, s’affirme la volonté d’un autre avenir que celui de sombrer en même temps que le système.
Mai 2018 n’aura peut-être pas lieu en mai, ni d’ailleurs en 2018, mais assurément il y aura prochainement des affrontements sociaux majeurs. L’issue est incertaine. Par contre ce qui est certain, c’est l’enjeu. Celui de s’enfoncer dans une barbarie généralisée, dont nous voyons chaque jour les prémices. Ou de tourner la page du capitalisme, de la loi du profit, de la concurrence de tous contre tous. C’est une question de survie pour l’humanité.
Un des slogans de 68 était : « Cours camarade, le vieux monde est derrière toi. »
On peut le compléter aujourd’hui par : « Ne sens-tu pas son haleine fétide dans ta nuque ? »
4 pages couleurs, au sommaire : édito d’un mai à l’autre, des nouvelles de nos ateliers, l’hospitalité n’est pas qu’un mot, et bien plus qu’une motion, le spectacle made in Palestine : sortie imminente, un portrait de Théa, un clin d’oeil à Vitrine Fraiche ... Sans oublier l’agenda !