Festival itinérant de théâtre en résistance
Introduction
Depuis 1986, le Festival International de théâtre Action (FITA) accueille des troupes de théâtre issues de tous les continents qui partagent, avec le théâtre-action, une démarche philosophique et politique de la création théâtrale ; des compagnies qui, dans le monde, travaillent au corps à corps avec des situations d’urgence, des réalités d’ici et maintenant et avec les gens qui en sont les victimes, rendant au théâtre ses fonctions premières de critique et de contestation.
Le FITA, c’est présenter des spectacles où l’on découvre des « formes culturelles d’inspiration populaire qu’on tente parfois de faire passer pour marginales et qui sont pourtant celles d’une grande partie de la population. » Une culture refoulée et niée en tant que telle, quand elle n’est pas rejetée ou censurée.
C’est sans doute cette relation particulière entre les artistes et leur milieu, les créateurs et les spectateurs qui permet de mettre en relation le local et l’universel et de reconnaître de l’autre côté du monde, une résistance commune à l’oppression d’un monde marchand qui confisque et dénature le sens des mots, pervertit nos révoltes, nous éduque à exclure et dévore peu à peu notre humanité…
Le Festival est aussi international dans son organisation décentralisée, itinérante aussi bien en Communauté française de Belgique qu’au Grand Duché de Luxembourg, en France et en Italie.
Dans cette décentralisation, nous ne nous contentons pas d’être présents là où le public habituel des théâtres se retrouve : Maisons de la Culture, Théâtres officiels. Nous organisons la majorité des représentations dans des lieux où le théâtre pénètre plus rarement, pour un public qui se sent souvent exclu des activités dites d’« Art et de Culture ».
Toutes ces diffusions sont l’objet de partenariat avec les compagnies de théâtre-action et des coordinations régionales qui s’engagent à l’égard du Centre du Théâtre Action, l’organisateur général.
Le FITA 2008, c’est :
Des spectacles en tournées
Ils nous viennent de Haïti, du Bénin, du Burkina Faso, d’Italie et sont en relation d’échange ou de création avec des compagnies de théâtre-action belges. Ils sont du Togo et du Québec et viennent nous revoir avec leur nouveau spectacle. Ils sont Français, Américains latins ou Chiliens et viennent nous faire découvrir leur travail.
A travers leurs spectacles, nous découvrirons comment ils
-Transgressent les codes culturels, déjouent les tabous.
-Dénoncent le formatage qui aplatit nos désirs, résistent à l’individualisme.
-Déshabillent le concept de la croissance économique pour éclairer ses dérives.
-Déconstruisent le système qui pousse à la marchandisation de l’être humain.
-Résistent à la mondialisation de l’économie.
Une certaine conception de la rencontre
Le Centre du Théâtre Action s’attache, en amont du festival, à préparer au mieux la mise en relation des invités internationaux et des partenaires organisateurs. Afin que les rencontres soient opportunes et développent leur potentiel d’échange, nous informons les partenaires de tous les aspects du travail des compagnies venues de loin et ce tant au niveau artistique que socioculturel. Ces informations permettront de développer au mieux :
-La rencontre entre le public et les troupes internationales après les spectacles ou lors de débats. Vous découvrirez dans ce dossier de nombreuses possibilités de rencontres liées aussi bien à des thématiques qu’à des pratiques socioculturelles.
-Les rencontres entre les troupes internationales et les membres des ateliers du théâtre-action à travers des ateliers de pratique théâtrale. Vous découvrirez dans ce dossier de nombreuses propositions de stages internationaux.
C’est aussi un réseau international qui s’incarne tous les deux ans dans un espace de réflexion, d’échange et qui, au fil du temps, se fait le creuset d’une véritable pépinière de projets.
Cette année, le Centre du Théâtre Action propose deux axes de réflexion :
-Parcours de formation international, avec des partenaires de France, du Québec, du Maroc et du Mouvement du Théâtre Action.
-Théâtre en prison, avec des partenaires français, chiliens et du Mouvement du Théâtre Action.
L‘évolution peu commune d’un festival
Si la première édition du festival s’est déroulée en un seul lieu, Bruxelles (Botanique), il s’avèra rapidement que s’il voulait atteindre le public qu’il voulait toucher, celui-là même qui ne fréquente pas les lieux dévolus au théâtre, le Festival devait être décentralisé vers les lieux investis par les compagnies de théâtre-action et les partenaires culturels de proximité (centres culturels, ONG, éducation permanente, maison des jeunes, associations…)
C’est ainsi qu’en 1993, le concept tout à fait original d’un festival itinérant voit le jour. Telle une caravane de spectacles, le FITA déambule de villes en villages nourrissant de véritables espaces de rencontres où les pratiques artistiques et les réalités culturelles s’échangent ou se renforcent.
D’édition en édition, de rencontres théâtrales en réflexions communes, d’échanges de pratiques en pratiques d’échanges, certains de nos partenaires théâtraux ont coiffé la casquette d’organisateur en persuadant leurs partenaires culturels d’organiser et d’accueillir cette caravane de spectacles chez eux.
C’est ainsi qu’en 1998 des spectacles belges et étrangers ont franchi la frontière pour aller jouer en France et en Italie. Les éditions 2000 et 2002 du FITA ont confirmé et structuré l’ouverture de l’aire européenne du festival entamée en 1998. Cette extension géographique s’est consolidée en 2004 par la participation renouvelée des partenaires-organisateurs français, luxembourgeois et italiens.
Le FITA 2004 a marqué une nouvelle étape dans l’histoire du festival. En effet, trois compagnies de théâtre-action de la Communauté française de Belgique se sont associées à des compagnies venues d’ailleurs pour coproduire des créations transcontinentales sur des thématiques communes :
-« L’or bleu ? », spectacle traitant de la problématique de l’eau dans le monde une coproduction entre la Belgique, le Rwanda, l’Inde, la Palestine ;
-« Simùn », spectacle traitant de l’errance des jeunes aujourd’hui, une coproduction entre la Belgique, la Sicile et la Palestine ;
-« L’ardoise » spectacle traitant de la dette du Tiers-Monde, une coproduction entre la Belgique, le Sénégal et le Burkina Faso.
De même, en 2006, « Revenez lundi », spectacle traitant de la précarité, rassemblait le Théâtre du Campus et le Théâtre Parminou du Québec, tandis que les Théâtres du Copion et du Public poursuivaient leur partenariat de coproduction avec la Palestine et le Burkina-Faso.
Le Centre du Théâtre Action,
organisateur d’un festival itinérant
Le Centre du Théâtre Action (CTA), fondé en 1985, est une association culturelle qui a pour mission d’informer et de promouvoir le théâtre-action.
En Belgique, le terme « théâtre-action » est synonyme d’une démarche théâtrale singulière nécessairement liée à un projet politique, éthique et artistique.
Le théâtre-action repose sur une approche philosophique, ce n’est pas une technique. Parler de théâtre-action, c’est parler de l’Homme en lien avec la société.
Aujourd’hui, dix-sept compagnies professionnelles pratiquent le théâtre-action en Communauté française de Belgique.
Le Centre du Théâtre Action entretient avec elles une réflexion permanente sur leur métier et leur démarche de création.
Le CTA a également pour objectif de favoriser et soutenir la rencontre de ces compagnies avec d’autres groupes aux démarches similaires, en Belgique et dans le monde.
Le CTA développe ainsi des réseaux de partenariat et d’échange au cœur même des mouvements sociaux et culturels solidaires.
Ses actions sont multiples et représentent la complexité de notre monde.
Initier, comprendre, donner à voir, mettre en relation, susciter, explorer, soutenir, convaincre sont pour le CTA autant de défis à relever chaque jour, de résistance à la pensée unique.
Les activités du Centre du Théâtre Action
-Organiser des rencontres entre compagnies de théâtre-action.
-Imaginer et organiser le Festival International bisannuel de Théâtre Action - théâtres en résistance- en Communauté française de Belgique et en Europe.
-Initier et contribuer, avec nos partenaires de l’éducation permanente et des universités, à des recherches, des séminaires sur des démarches similaires et pluridisciplinaires.
-Soutenir des projets de partenariat solidaire avec des associations socioculturelles, d’éducation permanente, d’enseignement, des structures internationales …
-Assurer le développement et l’apprentissage du métier de comédien animateur sensibilisé à la démarche si particulière du théâtre-action.
-Réaliser des publications et tous autres documents d’information sur le mouvement et la démarche du théâtre-action.