Les discours de justification des politiques d’austérité martèlent que nous vivons au-dessus de nos moyens, que l’endettement des pouvoirs publics en est la conséquence. Mensonges : les dépenses sont stables depuis 30 ans, ce sont les recettes de l’état qui ont chuté !
Depuis le traité de Maastricht, entré en vigueur en 1993, la banque centrale européenne ne peut plus prêter directement aux états. Ainsi les états sont contraints d’emprunter auprès de banques privées, qui empruntent auprès de la banque centrale, et qui évidemment se gavent au passage !
Dans ce contexte de violence financière à l’encontre des populations, n’attendons pas de la classe politique une remise en question des décisions budgétaires !
Certes, quelques cas emblématiques sont à noter : En Équateur en 2007, le président lui-même a demandé l’audit de la dette de l’état. Aux Philippines en 2001, au Pérou en 2004, au Brésil en 2010 l’initiative est venue du parlement. En Argentine c’est une décision du tribunal qui a imposé l’arrêt des remboursements, après 18 ans de procédure pénale suite à la plainte d’un journaliste en 1982.
Et en Belgique ? En janvier, Michel de Samblanx, le président du très officiel comité d’audit de l’administration fédérale a démissionné de ses fonctions. En raison de l’absence de réponse du premier ministre et du blocage des responsables politiques et des présidents des SPF, il n’avait rien pu auditer en quatre ans de mandat.
Les citoyens prennent le relais. Dans de nombreux pays d’Europe des collectifs voient le jour, ils sont regroupés depuis 2012 dans le réseau ICAN, International Citizen debt Audit Network. En Belgique, plusieurs comités se sont créés, leurs objectifs : sensibiliser les citoyens, dégager des informations significatives sur l’utilisation de ces sommes empruntées, et interpeller les dirigeants pour qu’ils expliquent leurs choix budgétaires. Plusieurs audits ont étés lancés : sur la dette fédérale, sur celles de la région wallonne, de la SNCB, des hôpitaux publics de la région d’Arlon, sur les dettes communales de Liège, de Bruxelles, de Verviers.
Le 6 mars s’est tenue la deuxième réunion du comité tournaisien d’audit de la dette. Il est ressorti de cette réunion la volonté de se pencher sur les comptes de la ville. Auprès de qui la ville est-elle endettée ? Quelles sont les conditions de ces emprunts ? Quelles dépenses peut-on mettre en cause ? Les travaux de rénovation ? Les frais des réceptions des politiciens ? La participation de la commune à la recapitalisation de Dexia ? Quelle place occupent les dépenses culturelles ? Autant de questions auxquelles le comité se propose de répondre. Pour commencer, nous avons besoin d’une solide formation, le Guide à l’attention des citoyen/ne/s et des groupes locaux sera la première étape.
Prochaine réunion le jeudi 3 avril, 19h à la Maison Internationale.
Infos : acidetournai@gmail.com