“En cette fin d’août 2014 se tenait l’Université d’Eté Européenne d’ATTAC France, à Paris.
Croquemitaine y était pour animer divers ateliers dont un sur les « Images de Combat », titre ambitieux, mais c’est bien de cela qu’il s’agissait : comment, avec un groupe de militants et dans l’urgence, construire des images dans l’espace public, qui interpellent, choquent ou provoquent.
Nous avons donc, en compagnie de 14 militants d’origines et langues différentes, en trois séances de deux heures, partagé notre goût des surprises, de l’humour et de la provocation.
Six heures, c’est court mais on a parfois moins pour préparer une action.
Il se peut que le groupe en quête d’images théâtrales soit structuré, se rencontre régulièrement, dispose d’un espace propice à la recherche et la création et de moyens financiers pas trop moyens ...
Ça s’appelle une compagnie professionnelle.
Et que ce soit GreenPeace dont certaines des images (c-à-d ce qu’ils veulent que les media voient) sont composées de banderoles et de militants bariolés postés à des endroits incongrus ou dangereux mais en général très haut ou menacés par des monstres énormes (bâteaux-usines par ex.), ou enchaînés ...
Ou Royal de Luxe, qui amène des géants dans les villes, qui pulvérise de l’odeur de pizza ou d’écurie à des milliers de spectateurs ...
Ou les tagueurs et les « fresqueurs » qui détournent les murs et les rues ...
Ou les corbeaux d’ici et d’ailleurs, anti-capitalistes et hitchckoquiens, les requins, les faux-riches ...
Ou les Liliths et les mares de sang palestinien...
Et Ian Pallach, et tout les autres ...
Tous ont impressionné des pellicules, frappé des mirettes et timbré des mémoires !
Les façades, les trottoirs, les murs, les rues, escaliers, bancs, fontaines, réverbères ...
Les voitures, les bus, les fenêtres, les panneaux publicitaires, les places, les parkings ...
Aussi le ciel et les étangs ou les rivières, même les égouts...
Les paysage urbain est le décor inusable de ces mises-en-scène.
Tout y est tellement organisé que finalement il y est facile de surprendre.
Il suffit de prévoir l’imprévu !
D’exagérer, de ... transgresser.
Cet atelier a rappelé aux participants le plaisir de bouger, de mobiliser son corps, de s ’approprier l’espace public .
Il s’est agi pour les animateurs de souligner l’impérative nécessité d’utiliser les forces de tous, les idées de tous, l’enthousiasme de chacun, dans un premier temps.
Ensuite, la partie technique, où on cherche comment mettre en oeuvre les idées retenues, où on essaie (donc peut-être échoue) de concrétiser les propositions.
Puis de choisir le « regard extérieur » c’est-à-dire la personne qui mettra en scène l’image, à qui on accorde sa confiance.
Et vient le moment de se lancer, d’oser, dans la rue et devant un vrai public, faire ce que l’on a préparé.
En l’occurrence : une machine vivante montrant la chaîne humaine qui relie la caissière de supermarché à l’actionnaire vautré dans son opulence et un cloporte géant servant de monture à une hétaïre cupide.
Des images simples voire simplistes mais ludiques et interpellantes.
Dans tous les cas, personne n’est indifférent et les discussions vont bon train après la représentation.”
Pierrot Mol.
A l’issue des trois jours d’atelier, les participants ont montré deux images aux militants réunis pour la journée de clôture de l’université.