Il s’agissait de créer, en trois après-midi, un court spectacle sur un thème choisi par les participant.e.s.
A l’issue de trois jours d’ateliers, les participants ont joué quelques scènes devant le public des militants réunis pour session de clôture de l’Université.
Mercredi 20
Dans un premier tour de cercle de présentation, chaque personne dit pourquoi elle est dans cet atelier. Pour tout le monde, une envie de faire passer le discours militant différemment. Comment toucher les gens autrement qu’avec un tract ? Faire parler le corps, s’amuser.
Nous commençons tout de suite avec une progression douce et ludique qui amène naturellement à l’improvisation. Nous jouons avec les gestes, les sons et les grommelots. Nous évitons les paroles pour privilégier les images et la communication des émotions avec le corps.
Ce premier après-midi se conclut par 3 improvisations en 3 groupes.
Les thèmes : la lutte contre ce système, le pouvoir des banques et de la finance, l’identité.
Nous nous quittons après un cercle d’évaluation. Pour la plupart, c’est une première expérience théâtrale. Chacun,chacune se dit heureux et surpris, en attente de la suite.
Jeudi 21
Nouvelle progression d’exercices-jeux, nous consolidons les bases posées la veille. Regard, geste, son, déplacement dans l’espace, rapport au partenaire.
Thème de la première improvisation : un groupe de militants se réunit pour évaluer sa dernière action. Pas de paroles mais des grommelots, onomatopées, langage inventé, assemblage de syllabes sonnantes. C’est l’intention qui doit être comprise.
Chacun, chacune s’accorde à dire que cette situation représente une réalité de la vie militante. Manque d’écoute, on coupe la parole, on hausse le ton, apartés...
Nous passons aux improvisations à 2 partenaires. Le thème : les relations de pouvoir.
Quelques minutes de préparation avec des consignes claires : une situation concrète avec un début, un milieu, une fin. Montrer plutôt que dire, utiliser gestes, sons, grommelots, les paroles indispensables à la compréhension. Se placer face public, prendre le temps de poser les gestes.
Après chaque présentation, les acteurs restent sur scène pour échanger avec les participants,participantes, public attentif et bienveillant. Premières impressions dites à l’aide d’un seul mot. Ensuite, on creuse. Comment améliorer ce premier jet ?
Deuxième cercle d’évaluation. Sentiment de plaisir partagé. Découverte des possibilités de chaque individu porté par le groupe.
Vendredi 22
Après un bref échauffement, nous rejouons nos gammes (déplacements, démarches, gestes et sons, regard). Nouveau thème : un chef, un groupe. Nouvelle improvisation que nous retravaillons ensemble.
Nous choisissons les scènes que nous voulons présenter le lendemain à 13h sur le campus de l’université. Nous retravaillons collectivement une scène improvisée le premier jour. Chaque personne du public peut intervenir avec une proposition pour améliorer le jeu. Les acteurs, à l’écoute, concentrés.
Dernier cercle d’évaluation : satisfaction générale et étonnement d’être arrivé à ce résultat en si peu de temps dans une ambiance de plaisir.
Samedi 23 à 13h sur l’esplanade de l’Université Paris 7- Diderot Représentation
Nous décidons de présenter nos scènes en même temps que l’atelier « Théâtre image ».
Arrivée en file indienne, chaque personne prend le rythme, les gestes et le son de la première de file.
Tic-tac, c’est le temps qui file. Tout de suite, le public suit l’action du regard. Formation d’un cercle sur l’espace scénique, à tour de rôle, chaque personne donne un rythme en frappant dans ses mains, tout le groupe répète le rythme en même temps.
Place au « Théâtre image » avec une scène de machine et une déambulation représentant la cupidité portée par des esclaves. Le public réagit en invectivant les esclaves, en applaudissant.
1ère scène : un couple joue la relation maître/esclave, manipulateur/manipulé, les rôles s’inversent.
2ème scène : chaque personne isolée dans sa bulle. Un acteur sort de sa torpeur, il touche son voisin ; à deux, ils vont chercher les autres. Se mettent en route, d’abord à quatre pattes pour sortir du tunnel. Enfin debout, à l’air libre ! Mais devant eux, un mur. Ensemble en poussant, ils l’abattent.
3ème scène : réunion d’évaluation d’un groupe de militants, en grommelots.
4ème scène : un chef donne le rythme, les subordonnés marchent au pas, en levant haut genoux et bras. La cadence s’accélère de plus en plus, le groupe se concerte et refuse de continuer. Tous chassent le chef. Le groupe choisit un nouveau chef parmi ses membres. Il porte un foulard rouge et prend la première place dans la file. La cadence s’accélère de plus en plus. Le groupe se révolte à nouveau et chasse le nouveau chef. Ronde joyeuse. Enfin la vie est belle !
Et c’est fini. Embrassades, échanges d’adresse. A bientôt, nous l’espérons.
En guise de conclusion, voici les paroles d’une militante d’Attac : « La restitution des ateliers suffit à elle seule à montrer combien les militants ont été conquis par ce mode d’expression et combien c’ est important de faire vivre cette expression dans nos mouvements ».