Dernière séance de la saison. Nous constatons que du temps s’est écoulé, et que nous avons bel et bien commencé un voyage tous ensemble. Le plaisir évident avec lequel on se retrouve se passe de mots, on se le dit avec les yeux. On échange de plus en plus naturellement, on se sent à l’aise, le contact physique s’installe sans poser de question : on se prend les mains, un bras sur l’épaule, on s’embrasse sur les joues. Certains se précipitent avec enthousiasme dans la salle, presque en courant. Tout le monde a l’air particulièrement content aujourd’hui.
La difficulté principale de cet atelier tient à la non verbalisation de la plupart des participants. Comment savoir ce qu’ils aiment, si ça les intéresse, s’ils s’y sentent bien ? On aurait tendance à interpréter certains comportements comme de l’incompréhension, du désintérêt, voire de l’ennui. D’une séance à l’autre parfois, le stress semble augmenter, alors que pour d’autres on pourrait y voir une certaine lassitude, et toujours cette question : mais comment savoir ? Quand tous nos signaux habituels de communication sont brouillés, comment ne pas douter sans arrêt de la pertinence de nos propositions ?
Nous ne voulons pas faire de l’occupationnel, mais nous n’avons pas non plus la prétention de faire de la thérapie. Nous n’avons d’ailleurs qu’une prétention : celle de vivre ensemble un moment vrai. Et depuis quelque temps, nous avions décidé de lâcher prise sur le rationnel, et de chercher plus bas, plus profond. Vers le spontané. Le geste. Le cri. En sentant bien que c’était vers là qu’il fallait creuser. Quand on n’a pas la parole, que nos corps, nos véhicules, sont si dissemblables, nos perceptions de la réalité si difficiles à mesurer en termes communs, alors il faut aller chercher en nous d’autres ressources. Proposer autre chose.
Ce jour-là, chacun s’est prêté au jeu avec un plaisir évident. Devant nos yeux ébahis, quelques-uns de nos amis ont même sonorisé (ce qui n’était jamais arrivé lors de nos ateliers jusqu’à maintenant), d’autres ont reproduit les combinaisons avec un investissement qui nous a littéralement scotchés sur place, et tous ont fait preuve d’une inventivité qui faisait plaisir à voir.
Certains se regardaient pour la première fois dans les yeux, touchaient leur propre corps et acceptaient un contact. Les efforts de concentration pour suivre les mouvements du partenaire dépassaient tout ce que nous avions pu observer jusqu’à maintenant. Et l’énergie qui se dégageait de tout ça était terriblement joyeuse.
Pas de conclusion qui serait à la hauteur. Peut-être parce que rien n’est fini, tout commence bien au contraire...
L’atelier "La Marelle" sur notre site
Céline et Klara de l’autre côté du miroir... ...
L’orage...
Rien n’est fini, mais tout commence...