Ce sont finalement les mêmes que la dernière fois qui viendront participer. Ceux qui ont décidé d’assumer qu’ils jouaient le jeu.
A nouveau, la séance décolle. Avec une nette amélioration, ce n’est pas moi qui propose l’échauffement. Chacun y va de son mouvement, et puis l’un suggère que l’on crie. Alors on a crié, sauvagement, furieusement, avec délectation, sans mots, sans but et sans autre explication que cette sensation d’avoir fait sortir quelque chose qui devait à tout prix être expulsé.
Et puis les cris se sont modulés, teintés, ils se sont nuancés, se sont mis à exprimer des variations, et sans qu’on ait eu besoin d’interrompre pour décider, nous étions en plein grommelot.
Et l’on a fini sur des impros, toutes deux épatantes. Un repas entre vieux amis pas si copains que ça, devant la télé, où les hommes sont franchement misogynes et où boire est bien plus important que manger... Et l’histoire d’un gamin pas facile, qui se rend dans le bureau de la directrice avec sa tante qu’il fait passer pour sa mère, tante qui finira par le corriger à coups de pieds sous les yeux de la directrice impuissante...
Toujours, cette gravité des faits me frappe, elle sous-tend en filigrane toutes les histoires qui se jouent ici. Traitées avec nonchalance, distance et dérision, comme si elles n’étaient pas souffrances, mais blagues. On en discute, mais pas trop, de peur que l’espace ouvert se referme, qu’il se replie, et que l’on perde la confiance qui peu à peu s’établit. Mieux vaut accepter le don à sa juste valeur...
Mangroves, 11/01/12