Naplouse, Jenin, Hébron, les villages et les camps de réfugiés, c’est un territoire morcelé que nous allons parcourir. Inch’ Allah… Ou malheureusement, devrait-on dire Inch’ Netanyahu, car, à vrai dire, nous sommes suspendus à l’actualité de la Palestine.
Le gouvernement israélien accélère la colonisation des territoires palestiniens, au mépris du droit international.
Des « avant-postes de colonisation », constructions illégales pour le droit israélien, ont été légalisées a posteriori par la Knesset. Une loi votée dans la nuit du 6 au 7 février, légitime, a posteriori, plusieurs « colonies sauvages » construites sur des terres privées palestiniennes, légalisant ainsi leur expropriation. Pour la première fois donc, la loi civile israélienne veut s’imposer dans les Territoires occupés. Cette loi, portée par une droite nationaliste et religieuse triomphante, ouvre la voie à une annexion pure et simple de la Cisjordanie. Le texte nie en effet aux propriétaires palestiniens le droit de revendiquer le terrain ou d’en prendre possession, « jusqu’à ce qu’il y ait une résolution diplomatique du statut des Territoires ».
La loi franchit une ligne qu’Israël n’a jamais dépassée auparavant, au point qu’il se trouve des hommes de droite, comme l’ancien ministre du Likoud Dan Meridor, pour la juger « mauvaise et dangereuse ». Il souligne dans les colonnes du quotidien Haaretz que ce n’est pas au Parlement israélien de légiférer sur la propriété des palestiniens en Cisjordanie : ils « n’ont pas voté pour la Knesset, et elle n’a pas l’autorité de légiférer pour eux. »
On peut encore espérer que la loi sera suspendue. En effet, le procureur général israélien Avichai Mandelblit a estimé que ce projet n’est pas conforme à la Constitution et qu’il enfreint le droit international, en autorisant l’expropriation de domaines privés dans les territoires occupés par Israël depuis 1967. Il a fait savoir qu’il ne le défendrait pas si un recours en suspension était introduit devant la Cour suprême par des associations de défense des droits de l’Homme.
Dans le même temps, les associations sont durement attaquées par le gouvernement de droite qui dirige Israël. Une série de lois muselle la contestation. Il est interdit d’appeler au boycott depuis 2011, et depuis 2016, on peut se voir refouler à la frontière si on a un jour appelé au boycott, ou soutenu la campagne BDS (une campagne internationale pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions, contre les entreprises implantées dans les territoires occupés). Commémorer la nakba (l’expulsion des palestiniens en 1947-1949) est passible de sanctions financières depuis 2011. Une loi permet aux localités de créer un comité d’admission, qui décidera si vous êtes suffisamment convenable pour vous installer dans ladite localité. L’association Breaking the silence, qui collecte la parole d’anciens conscrits ou militaires professionnels, dénonce les violences commises dans les territoires occupés, a récemment été interdite d’interventions dans les établissements d’enseignement.
En lisant le numéro 27 d’Objectif Lune, été 2017, vous saurez si nous avons finalement été refoulés à l’aéroport de Tel Aviv.
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Ramzi Aburedwan
Il faut comprendre ma démarche comme une intifada musicale et culturelle
Né à Betléem en 1979, Ramzi Abuderdwan a grandi dans le camp de réfugiés Al Amari, à Ramallah. En 1997, il rencontre la musique, et entre au conservatoire national Edward Said. Il obtient une bourse pour étudier en France : violon alto et bouzouq. Pour partager sa passion, il fonde l’association Al Kamandjati, une école de musique destinée à enseigner la musique aux enfants des camps de réfugiés palestiniens. Chaque année, Al Kamandjati organise un festival international de musique, qui anime durant près d’un mois les villes et villages de Palestine.
Il est aussi à l’origine du groupe Dalouna, un groupe de musique classique et folklorique, du National Ensemble of Arabic Music of Palestine, et de l’ensemble belgo-palestinien Al Manara.
La Fanfare détournée
La chorale 1 café 2, 3 chants
Al Manara
La campagne de boycott, désinvestissement, sanctions