La marche d’ouverture du Forum part à 15h de la place Bab Saâdoun pour rejoindre le musée du Bardo. Mot d’ordre : "Les peuples du monde contre le terrorisme".
Quelques heures après l’attentat du Musée du Bardo, le comité d’organisation du FSM annonçait dans un communiqué de presse qu’il n’était pas question d’annuler sa tenue et que celui-ci était maintenu. Les 5000 associations inscrites confirment leur participation, pas question de céder au chantage terroriste.
Depuis 2001, à Porto Alegre, le Forum rassemble les mouvements et organisations altermondialistes. Il se tient pour la seconde fois en Tunisie, car ce pays reste le symbole des révoltes des peuples contre la mondialisation néolibérale et ses ravages sociaux, écologiques, et militaires. Voilà le nouvel ordre mondial : guerres, terrorisme, catastrophes climatiques, exploitation, pillages, explosion des inégalités et des injustices. Il est temps de parler du "capitalisme réel", pas celui que nous vendent les outils de propagandes que sont les médias, et les pseudo-experts économistes aux ordres des puissants.
L’ambiance à Tunis après l’attaque du musée du Bardo rappelle un peu celle qui régnait au lendemain de la révolution. Les étrangers, et particulièrement les participants au FSM, identifiables à leurs badges ou à leurs sacs aux couleurs du Forum, font l’objet de la sollicitude de nombreux tunisiens.
Dans un petit restaurant où nous dînons, alors que nous demandons du feu pour allumer une cigarette, nous nous voyons offrir un briquet. Un peu plus tard une assiette de fruits fait son apparition sur notre table et le serveur nous indique qu’elle nous est offerte par un groupe de tunisiens mangeant à côté de nous. Un peu plus tard on nous propose une bouteille de vin, nous refusons gentillement en invoquant le fait que nous ne voulons pas nous saouler. Ils insistent : "Une demi bouteille alors ?".
Nous prenons un taxi sur le site du FSM pour rejoindre le lieu de la manifestation de la place Bab Saâdoun au musée du Bardo. Lorsque nous voulons payer le chauffeur, il refuse en nous disant " bienvenue en Tunisie ". Plus tard alors qu’un orage vient d’éclater nous prenons un autre taxi. Ce dernier nous dit qu’il vaut mieux que nous prenions le métro, car à cette heure il y a trop d’embouteillage et que cela va être trop long. Il nous conduit gratuitement à une station de métro.
Le soir dans un petit snack, c’est un client qui vient nous souhaiter à son tour "bienvenue en Tunisie". Le patron et le serveur se joignent à lui pour quelques considérations sur le terrorisme et son rejet par la société tunisienne, dont la culture, vielle de plus de 3000 ans, est construite sur la tolérance et la convivialité.
Ici le califat délirant de DAESH ne pourrait s’établir que contre la volonté de tout un peuple. Et ce peuple là, qui a prouvé la force de sa détermination, n’est pas prêt de se soumettre à nouveau.