Dans la sphère privée, pour une femme qui vit en couple avec un homme, son salaire est vu comme un complément à la paye de l’homme. Quand le salaire du conjoint suffit aux dépenses de la famille, le travail de la femme est vu comme une occupation. La journée de travail rémunéré finie, place à la deuxième journée de travail et c’est gratos que nous nous mettons à l’ouvrage. Cela paraît bien naturel et logique, à croire que nous sommes nées avec une serpillière dans la main et que les hommes sont allergiques à la poussière. La situation n’a guère changé pour les femmes. Du patron, nous passons au chef de famille et celui-ci n’a pas besoin de donner d’ordres. Aussi prévenant soit-il, il est clair, que les tâches domestiques sont portées par les femmes, 3h30 par jour contre 2h pour les hommes. Nous nous exécutons avec bravoure, gratuitement, sans que cette masse de travail ne soit valorisée. Il nous arrive de râler mais au final, nous acceptons cette situation. La procréation des enfants ? C’est aussi pour notre pomme. Dès leur conception, nous participons au renouvellement du vivier de prolétaires, de la force de travail du futur, indispensable à la pérennité du capitalisme. Ainsi, nous ne transmettons pas que les gènes. Nous préparons nos enfants à entrer sur le marché du travail, à obéir… aux lois de la compétitivité, à voir dans la consommation un projet de vie. Nous leur transmettons aussi les valeurs patriarcales qui nous oppriment nous-mêmes. Travail domestique et de reproduction… En apparence, le travail que nous accomplissons gratuitement ne crée pas de plus-value et pourtant notre force de travail non rémunérée est la base de l’organisation capitaliste. Notre rôle de femme, notre statut social n’est pas la conséquence de cause naturelle (en dehors de la gestation et de l’accouchement) mais de l’idéologie capitaliste qui a réussi à imposer sa logique de discrimination et d’exploitation des femmes. Et maintenant ? Que faire ? Première étape : Les mentalités doivent changer. Cela passera par notre propre conscientisation, par un autre modèle à intégrer, une autre éducation des enfants. Deuxième étape : un profond changement de société et de sa législation. Égalité des salaires, autogestion de l’entretien des lieux de travail, répartition équitable des tâches ménagères, création de crèches pour tous, de garderie, de home, la socialisation de la fabrication et de la distribution des repas… Seule une mobilisation citoyenne déterminée pourra changer la réalité. Ensemble, réveillons-nous, arrêtons d’accepter, éduquons nos enfants autrement, faisons nous entendre et prenons notre place.