Violence d’état contre des femmes, des hommes, des enfants désarmés
Depuis la fin du mois de mars, plus de 120 morts. 3 700 blessés par balles. Pour beaucoup infirmes à vie. Une stratégie du gouvernement d’Israël ? Autant de blessés, pour attiser la haine ? En limitant les assassinats, laisser dormir l’attention médiatique. En plus de ces violences physiques commises contre les manifestants pacifistes, le quotidien des Palestiniens est traversé par la violence d’état : détentions administratives reconductibles indéfiniment, conditions de détention illégales au regard du droit international, difficultés de déplacements et mécanismes insidieux de l’épuration ethnique…

Mensonges éhontés des diplomates israéliens

LE MONDE 9/06/2018

Le 6 mai, aux côtés de son homologue Theresa May, Benyamin Nétanyahou a déclaré
« Nous ne sommes pas en présence de manifestations pacifiques. En plus de nos champs incendiés, ces gens sont payés et poussés par le Hamas pour enfoncer les défenses d’Israël, tuer autant d’Israéliens que possible, juste à côté de notre frontière, et kidnapper nos soldats. »
Depuis le 30 mars, aucun soldat israélien n’a été blessé au cours des manifestations de la marche, pas plus que le moindre civil.

Complicité politico-médiatique occidentale

ORIENT XXI 5/06/2018

Ce mardi 5 juin, Emmanuel Macron reçoit une nouvelle fois à Paris le premier ministre israélien pour l’inauguration de la « saison croisée France-Israël », censée se tenir dans plusieurs villes françaises de juin à novembre. « Il est des amitiés que ne peuvent altérer ni les turbulences de l’Histoire ni les profondes mutations que connaissent nos sociétés », plaide le président de la République dans la brochure de présentation. Comme si les tirs de snipers sur des manifestants pacifistes et les bombardements relevaient de simples « turbulences » sans responsable.(...) À condition, probablement, d’omettre le respect des droits humains et du droit international.
À condition aussi de mépriser l’histoire.
La grande marche du retour
Cette série de manifestations publiques, qui va durer six mois, coïncide, comme tient à le rappeler le premier ministre israélien, avec le soixante-dixième anniversaire de la création d’Israël. Il s’agit pourtant aussi du soixante-dixième anniversaire de la Nakba, qui s’est traduite entre 1947 et janvier 1949 par l’expulsion de plus de 800 000 Palestiniens et par leur dépossession, les enfants de réfugiés devant toujours exiger le droit au retour que leur reconnaît pourtant le droit international. C’est précisément ce que réclament les manifestants de Gaza, dont deux tiers de la population se compose de réfugiés. Or, du siège de Gaza aux milliers d’« unités d’habitations » qui se construisent en violation du droit dans les colonies israéliennes de Cisjordanie, la Nakba s’avère surtout un processus qui se poursuit et s’accélère aujourd’hui, selon le programme énoncé par l’ancien premier ministre d’Israël, Ariel Sharon, au début des années 1980 : « achever ce qui ne l’a été en 1948 ».

Boycott Désinvestissement Sanction

Nombre d’artistes refusent de cautionner la politique israélienne et annoncent ne pas se produire dans le pays tant qu’il violera le droit, Roger Waters, Natalie Portman, Vanessa Paradis, Shakira, ...

L’ONU elle-même établit une liste d’entreprises participant, en contrevenant donc au droit, à la colonisation.
L’ambassade d’Israël en France s’est vantée de ne pas être étrangère au retournement de position de l’ancienne garde des sceaux Michèle Alliot-Marie, laquelle soulignait en mai 2009 que le boycott ne concernait que des produits israéliens d’importation avant d’affirmer en février 2010, au mépris des faits, qu’il s’agirait d’un boycott de produits cacher. En mai 2012, son successeur Michel Mercier a confirmé la circulaire qu’elle avait envoyée en février 2010 aux parquets, les enjoignant d’engager systématiquement des poursuites contre les partisans de BDS, allant jusqu’à accuser d’incitation à la haine antisémite ces militants de l’égalité des droits, de l’antiracisme et du droit international. Depuis, des dizaines d’entre eux sont passés devant les tribunaux. Les associations de défense des droits humains réclament le retrait des circulaires, et Frederica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, pourtant opposée au BDS, a rappelé l’obligation des États membres de défendre la liberté d’expression. La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a quant à elle transmis ses questions au gouvernement français à la suite de la requête déposée par onze militants.
Emmanuel Macron est d’autant moins revenu sur ces circulaires qu’il a au contraire franchi un pas supplémentaire en assimilant, après Manuel Valls, antisionisme et antisémitisme. Une affirmation proférée notamment en présence du premier ministre israélien à l’occasion de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 2017, déclaration inédite de la part d’un président de la République, qui risque de laisser confondre juifs et sionistes ou thuriféraires de la politique de Tel-Aviv, et qui vise en fait à entraver sinon à interdire toute critique.

Pour comprendre la différence entre antisémite et antisioniste : https://orientxxi.info/va-comprendre/antisionisme-antisemitisme,2243