L’austérité, cette violence faite aux femmes
Nous pouvons affirmer que la crise de la dette n’est pas neutre au point de vue du genre.
Les plans d’ajustement structurel imposés par le FMI au sud et les mesures d’austérité imposé par le troïka au nord obligent les femmes à faire face à des situations de plus en plus précaires.
En Europe, ces mesures d’austérité ont cinq grandes conséquences sur les femmes : la baisse de revenus pour leur travail rémunéré, la perte de la protection sociale, la destruction des services publics, la remise en cause du droit du travail et l’augmentation de la TVA.
Pour assurer leur responsabilité familiale et pour pallier au manquement des services publics (crèches, soin aux personnes âgées…) elles sont obligées de travailler à temps partiel. Déjà en 1995, un rapport du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) montre que l’apport des femmes à l’entièreté de l’humanité pour un travail non rémunéré se chiffre à 11 000 milliards de dollars alors que la production mondiale de cette même année est de 23 000 milliards de dollars (salaires hommes et femmes confondus).
Les femmes doivent aussi accepter d’être moins payées qu’un homme (21% d’écart salarial en Belgique). Elles subissent les réticences du patronat qui ne leur concède que la partie du travail rémunéré la plus précaire et la moins valorisée (contrat CDD, intérim, blocages pour les postes à responsabilités…).
Ces difficultés à entrer dans le marché du travail, la diminution du montant des retraites et l’augmentation de l’âge d’accès à la retraite les conduisent à des privations de toutes sortes (culturelles, soins, nourriture…), à être dépendantes financièrement de leur conjoint et à se contenter d’une plus petite retraite que les hommes alors qu’elles ont travaillé de façon rémunérée et/ou informelle toute leur vie. 22% des femmes retraitées vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est le groupe le plus impacté par la pauvreté en Europe.
Au nom de la “gestion” de la crise de la dette, partout en Europe, le budget pour la protection sociale est de plus en plus affaibli et c’est encore une fois les femmes qui en subissent le plus durement les conséquences.
La diminution ou la suppression des allocations familiales, de chômage, de naissance, de congé de maternité, d’aides aux familles, des prestations aux personnes dépendantes engendre le renforcement des stéréotypes de l’homme gagne-pain et de la femme au foyer. Le nombre des structures d’accueil subsidiées pour personnes dépendantes (enfants, personnes âgées ou/et handicapées) diminue tandis que les structures existantes de plus en plus privatisées augmentent leur prix.
Partout en Europe, nos politiciens n’accordent plus ou de moins en moins d’attention et d’argent aux politiques publiques familiales, pourtant mises en place depuis 60 ans en vue d’une égalité homme - femme. A Dublin, comptez environ 800€ par mois pour mettre un enfant à la crèche. En Espagne, le ministère pour l’égalité entre les sexes a été supprimé. En Italie, le budget public pour les politiques familiale est raboté de 70%. Le dernier centre parisien pour les femmes en difficulté a fermé ses portes en 2011. 50% de subside en moins pour les associations de promotion des femmes en Catalogne.
Au nom de la productivité et des économies pour le remboursement de la dette publique se sont les services publiques qui sont dans l’oeil du cyclone des mesures d’austérité.
Les femmes en sont doublement frappées car elles en sont les principales bénéficiaires et aussi parce que les ⅔ des postes de travail dans ce domaine sont occupés par des femmes.
Dans la logique de ces politiques crapuleuses, les centres de maternité et de gynécologie sont les premiers services touchés. Fermeture de 180 centres IVG français en 10 ans.
En décembre 2014, l’Espagne interdit l’avortement sauf en cas de viol (avec la preuve d’une plainte déposée à la police) ou de danger pour la mère et/ou l’enfant. Certains centres portugais refusent de donner la pilule du lendemain. En Catalogne, les mineures doivent avoir l’autorisation de leurs parents pour avorter, tandis qu’en Roumanie les femmes doivent passer devant des institutions de conseil gérées par des religieuses.
Nous constatons aussi que le droit au travail et le droit à la protection syndical se gangrènent. Le travail précaire pour les femmes est devenu la norme, 83% des personnes travaillant à temps partiel sont des femmes. Elles doivent aussi faire face à des procédures illégales. Ainsi, en 2009, 30 000 femmes enceintes licenciées en Angleterre et ce phénomène est en augmentation.
Ce sont aussi les femmes qui en prenant généralement en charge les besoins de base de la famille sentent le plus durement les augmentations de la TVA.
Il est évident que ce n’est pas aux banques mais aux femmes que l’état doit de l’argent.
Continuons la mobilisation et envoyons la facture aux vrais responsables !