Heureusement, nous avons commencé l’atelier par des va-et-vient où nous échangions nos places à coups de démarches curieuses, de gestes insensés, de mimiques tordues …. Le tout étant ensuite rendu perceptible pour chacun par l’effet miroir des commentaires des camarades. Entre une soliloquante à pas menus, une allumeuse instantanée, un homme-élastique moqueur, un casse-cou délicat, un prophète désossé et une fugueuse fluide, nous avons tous été totemisés. Je ne sais trop si je me reconnais dans le mien, forcément réducteur. Mais cela peut servir de matériau à la construction d’un clown … à condition de s’en souvenir. Ce qui dans mon cas, est loin d’être gagné.
Que faire à six avec juste un petit cadre de paravent, une toile noire et un tabouret à quatre pieds ? Il n’y a même pas un accessoire par personne. Heureusement il reste les nez.
Et soudain tout s’emballe : le paravent devient aussi capricieux à habiller qu’une star hollywoodienne, le tabouret se prend les pieds dans les nôtres, une vieille amitié tourne au vinaigre d’effusions démesurées, le tout sous la houlette d’un metteur en scène complètement dépassé et d’une éclairagiste myope.
Une fois le premier jet passé, nous avons retravaillé phase par phase, précisant un mouvement, ajustant une position, changeant un tempo.
Et puis nous avons tout refait et le referons dans quinze jours … pour être prêts le jour de la fête des ateliers.
Ensuite, confortés par l’élaboration de ce tronc commun, chacun pourra y greffer d’autres scènes ébauchées lors de séances précédentes. Je ne sais encore si le résultat final aura l’air d’un fût sapin tapi derrière ses multiples branches ou d’un baobab à la bedaine proéminente.