Rita Cobut, animatrice du Théâtre Croquemitaine, est chargée des cours de clown. Tout un programme. Au jour le jour, elle raconte ici cette expérience.
En 2009, j’ai été sollicitée pour animer une session Clown de 4 jours, ce fut trop court mais très prometteur. C’est la technique Clown que les étudiants choisiront en 2011 pour créer un Courti joué en Italie.
Me voici repartie de fin novembre 2011 à fin janvier 2012 pour une formation de 90 périodes, une quinzaine de jours, qui aboutira à une création collective jouée en fin de formation.
24/25 novembre 2011
Première session du module Clown avec Caroline, Jacques, Mady, Magali, Marine et Virgile, le groupe de comédiens animateurs en deuxième année de formation. Ils ont entre 25 et 58 ans.
Nous entrons directement dans le vif du sujet avec des exercices simples et ludiques qui nous amènent rapidement à l’improvisation de scénettes. Nous explorons les possibilités d’expression par le corps et la voix, nous inventons un langage de grommelots, nous observons les démarches et manière d’être de chaque personne tour à tour. Chacun emplifie et caricatures les particularités observées chez les autre. Comme un miroir grossissant et déformant dont chaque personne va s’emparer pour poser les premières bases de son clown.
Voici, en résumé, l’évaluation de ces deux jours de recherche clownesque.
Caroline a suivi plusieurs stages de clown mais jamais elle n’a pratiqué ces exercices. Elle s’est amusée dès le début.
Jacques ressent ce premier travail comme un contrepoint. Les exercices proposés renouent avec le travail précédent mais cela prend un autre chemin.
Mady parle de complicité avec soi et les autre, d’auto-dérision, d’ouverture des portes, de bonne énergie.
Magaly dit son plaisir de retrouver le groupe sur le plateau ; c’est gai cette approche du clown alors qu’elle avait des craintes.
Marine sent comment elle va utiliser les exercices concrets, c’est une case qui lui manquait. Elle apprécie aussi de retravailler les scènes crées par d’autres. Il n’y a pas d’appropriation mais partage.
Virgile est entré tout de suite dans le plasir de jouer même pendant les échauffements.
8/9 décembre 2011
Après le rituel de la douche et du massage du dos, mise en mouvement sonorisée, en cercles, on lance les jambes vers le centre en soufflant, puis en sonorisant, il s’agit de se dégourdir mais aussi de chasser tous les soucis quotidiens qui parasitent nos envolées.
On rebondit sur les talons, en laissant aller le diaphragme et le voix, comme des bébés qui s’amusent à produire des sons et on occupe l’espace en laissant aller la voix et le corps dans une petite course rebondissante.
A nouveau en cercle, déplacements 2 à 2 vers le centre sans se quitter des yeux, avec une intention forte, que l’on monte, grossit, ensemble.
Improvisations préparées à partir de ces duos.
Marine/Jacques : enfin un gouvernement. ( à partir du jeu de chatouille)
Mady/Magaly : Non (mot le plus souvent prononcé par clownMady)
Caroline/Virgile : Ronaldo et Juliette au stade, emportés par la foule.
Passage individuel : chaque clown vient souhaiter bon appétit aux autres.
Discussion après repas sur les représentations du spectacle qui vient à peine de commencer sa gestation. Pas encore un embryon, juste une petite crevette et il faut déjà réserver le lieu de l’accouchement. Il est question de 3 représentations : une au FC de Jupille, 2 autres dans des endroits plus “alternatifs” de Liège. Affaire à suivre...
Nouvelle mise en mouvements sur le plateau. En cercle, gestes et sons repris et continués. Travail sur les émotions, chacun regarde chaque personne avec la même émotion dans le regard et le corps.
Par groupes de 3, en même temps et en arrêt sur image, chacun donne sa statue de l’émotion donnée. C’est étonnant comme chacun renvoit une perception différente pour le même mot. C’est le rendu “amoureux” qui nous fait le plus rire.
Passage individuel avec une émotion poussée au bout, seulement quelques mots ou grommelots.
Nouveau jour, nouvelle remise à neuf avec douche et massage dos. Ensuite 2/2, dos à dos, chacun en appui et en soutien de l’autre. Trouver une position confortable en contact avec tout le dos de l’autre, yeux fermés, concentrés sur la respiration. Déplacements par paire collée, toujours les yeux fermés, vers le centre. Les clowns forment une grappe, puis se détachent, tournent le dos au centre et forment un cercle serré, épaules contres épaules.
Les clowns dorment et rêvent. Chacun se réveille, dit bonjour aux autres, toilette et gymnastique matinale.
Improvisations individuelles : une journée de la femme ou de l’homme moyen, normal.
Magali : TNT, un travail qui vous explose.
Chacun(e) rejoue la scène en tenant compte des commentaires et suggestions.
L’après-midi, c’est Mady qui prend l’échauffement en charge. Chaque séance sera précédée d’un échauffement animé à tour de rôle et évalué ensemble.
Suite des improvisations.
Marine : Bip, la journée d’une caissière.
Chacun(e) rejoue la scène en tenant compte des commentaires et suggestions.
Caroline : le doute mabite.
Devoir : Comment ton clown s’endort, à quoi il rêve. Quel est son premier geste du matin, de quoi il a peur, ce qu’il déteste en images et grommelots.
15/16 décembre 2011
Jeudi 15 décembre, nous sommes cinq, moi comprise. Caroline et Virgile nous manquent. Magaly prend l’échauffement en mains et essaie de réveiller les clowns. Elle y parvient. Partie trop vite dans le clown, dit-elle après ; cela a permis de chercher et trouver des démarches disent les autres.
Ensuite, nous expérimentons le ping-pong, 2 à 2, d’abord en silence, puis en disant le monologue intérieur. Quelques bons moments, beaucoup de rires.
Jacques/Marine : la demande en mariage
Mady/Magaly : le fuck
Magaly/Marine : Bip et Boum
Jacques/Mady : l’amour universel
L’après-midi, c’est Marine qui anime l’échauffement.
Ensuite, chacun est manipulé par les 3 autres pendant qu’il regarde le public (moi) et lui parle de son clown,dans toutes les positions, sans s’arrêter.
Duos Mimi/Momo. Mimi essaie de faire rire Momo qui veut rester triste. Si Momo parvient à ne pas rire, tous les autres jouent Mimi.
Fin de séance avec une relaxation bien méritée, à 4, c’est plus souvent sur le plateau, plus fatiguant...
Evaluation : chacun donne un mot et l’explique.
Jacques : relier, comment va-t-on arriver à relier les choses...une partie du personnage se détricote.
Magaly : labyrinthe, perdue, mais s’est bien amusée. On cherche son chemin.
Mady : grenier, j’ai l’impression que je commence à lâcher prise, c’est trop gai.
Marine : nuageux, j’entrevois, entre les nuages.
Je ne sais plus laquelle ou lequel d’entre nous dit : “Se perdre pour mieux se trouver”
Vendredi 16 décembre, les 6 clowns sont au rendez-vous.
Caroline anime l’échauffement : douche, marionnette à fils, sur fond musical.
Nous reprenons le ping-pong avec Virgile et Caroline qui nous font bien rire avec “Trois petits tours et couchons-nous”
Suite des journées de clown.
Mady : Solange et les bonbons sacrés.
Chacun, chacune rejoue une partie de la scène en tenant compte des commentaires, en cherchant d’autres facettes du personnage, d’autres émotions, angles d’attaque...
Virgile : Valère pour vous plaire.
Jacques : Assurance Vie ? Condoléances...
Caroline rejoue “le doute” trop vite passé en fin de séance le 9 décembre et les autres suivent.
Encore une fois, le temps s’est emballé, nous courons pour ne pas rater le bus. Finalement, c’est Virgile qui nous embarque à l’arrière se sa camionnette.
Suite l’année prochaine...