Communiqué de presse du Comité Free Mustapha
publié le 7 février 2019 sur le site freemustapha.be
Voilà près de sept mois que Mustapha Awad est emprisonné en Israël.
Des sympathisants du Comité Free Mustapha se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères le 6 février et une délégation composée d’An Muylaert, la maman belge de Mustapha, d’Alexis Deswaef, président d’honneur de la Ligue des Droits humains et Myriam De Ly, du Comité Free Mustapha a été reçue au ministère des Affaires étrangères. Elle avait demandé de rencontrer le ministre ou des membres du cabinet, mais elle a été reçue au niveau de l’administration, un message en soi.
La délégation a voulu faire comprendre qu’une libération anticipative de Mustapha était possible au mois de mars, après qu’il aurait purgé deux tiers de sa « peine », et que l’intervention de la Belgique était absolument nécessaire à ce sujet.
D’emblée, les représentants du ministère ont dit que la Belgique n’interviendra pas.
Alexis Deswaef a fait l’historique des cinq entretiens que le Comité a eus au ministère. « Lors de la première rencontre, on nous a dit qu’il fallait prendre patience, que la diplomatie était progressive, qu’on allait d’abord faire des notes verbales. Ensuite, on a dit que c’était un cas exceptionnel, qu’il fallait attendre le procès. Et maintenant que le jugement a eu lieu, mais qu’une libération anticipative est possible, on nous dit qu’on ne peut rien faire. L’attitude de la Belgique a été tout à fait contraire concernant l’arrestation d’Amaya Coppens au Nicaragua. Le ministre Reynders est intervenu le lendemain même de son arrestation auprès du gouvernement nicaraguyen. Pourquoi ces deux poids, deux mesures ? Parce qu’il s’agit d’Israël. »
An Muylaert, la maman belge de Mustapha, porte-parole de sa famille au Liban, a déploré une nouvelle fois que, depuis plus de six mois et demi, elle n’a même pas pu entendre la voix de Mustapha : toute communication téléphonique lui a été interdite. Une situation intolérable, d’un point de vue humain. Ce qui fait dire à M. Deswaef que les conditions de détention de Mustapha ne sont pas conformes aux lois internationales. Même un de ses droits de base, téléphoner à ses proches, n’est pas respecté. Au moment des interrogatoires, Mustapha a également subi des traitements inhumains : privation de sommeil, interrogations 20 h sur 24 h.
Myriam De Ly, pour le comité Free Mustapha, est intervenue à propos des conditions de détention de Mustapha, enfermé dans une prison de haute sécutité à Gilboa. Fin janvier, des troupes d’élite, envoyées par le même ministre de la sécurité, Gilad Erdan, sont descendues dans les prisons israéliennes avec leurs chiens, leurs matraques, leurs mitrailleuses, leurs gaz lacrymogènes. 150 prisonniers ont été gravement blessés dans la prison d’Ofer. Mustapha, emprisonné à Gilboa, n’est pas à l’abri de ce genre d’expérience.
Alexis Deswaef a également fait mention d’un texte officiel de ce même ministre, chargé également des « Affaires stratégiques », texte envoyé à toutes les chancelleries et qui traite les défenseurs des droits humains, comme Shawan Jabarin, le représentant d’Al Haq et secrétaire général de la FIDH, Salah Hamouri, l’avocat franco-palestinien libéré récemment et Mustapha Awad de « terroristes ».
La Belgique ne devrait pas accepter que ses ressortissants soient salis de la sorte. Nous-mêmes pouvons être traités dès à présent de « terroristes en costume ».
Le Comité Free Mustapha est allé jusqu’au bout de ses démarches auprès du ministère des Affaires étrangères. La Belgique aurait pu tenter sortir Mustapha de là dès son arrestation. Elle le peut toujours. Mais, au fil des entretiens, la délégation a bien compris qu’elle n’a pas la volonté politique de le faire.