Forum Social Mondial
Nous représentons le mouvement "un Thėâtre action pour le 21ème siècle" qui regroupe plusieurs compagnies de Théâtre action belges dissidentes du mouvement du thėâtre action "officiel" (quoi que les guillemets entourant officiel se justifient de moins en moins).
En effet, oubliant ses origines liėes aux luttes sociales, reniant son histoire construite à travers la participation aux grandes vagues de contestations, le mouvement du théâtre-action s’institutionnalise de plus en plus. Récemment on a même pu lire d’invraisemblables déclarations de ses porte-paroles assurant que " Si ces vingt compagnies en Belgique francophone n’existaient pas, si elles ne travaillaient pas à requestionner le monde en partant d’une parole collective, l’État aurait beaucoup plus de soucis à canaliser tous ces gens en mal de vivre dans notre société ".
Il va s’en dire (mais ça va nettement mieux en le disant) que le Théâtre Croquemitaine ne partage pas ces vues et est même sur des positions exactement contraires.
Il faut donc aujourd’hui se distinguer nettement de cette tendance collaborationniste au sein du Théâtre action, la combattre et reconstruire un mouvement qui aura comme axe de ralliement la lutte radicale contre le capitalisme et son appareil d’état.
Cet engagement n’est pas fait de belles paroles, de discours ronflants et de gargarismes gauchistes ; au contraire, il est concret, au coude à coude avec tous nos camarades travailleurs, chômeurs, avec les militants altermondialistes, syndicaux, politiques qui se battent au quotidien pour changer cette société injuste.
Pour nous, un colloque sur le thème des relations entre artistes et monde du travail, comme le CTA (Centre du Théâtre Action) vient d’en tenir un, n’affranchit pas de la nécessité d’organiser les luttes concrètes et d’y participer pleinement. Oui, ce genre de colloque c’est de l’enfumage, du cautionnement, de l’alibi permettant de justifier renoncements et passivité.
Oui, le théâtre action institutionnel reste au balcon et regarde défiler les manifestations et les grèves sans y participer. En dehors de la phraséologie, il se cantonne dans "ses ateliers".
Nous voulons fonder, ici au FSM, un réseau international de thėâtre action (RITA) avec des compagnies de thėâtre concrètement impliquées dans les combats sociaux.
Arrivés à l’aéroport de Tunis, nous découvrons une agitation inhabituelle, beaucoup de jeunes voyageurs avec des sacs à dos, des voyageurs qui n’ont pas la tête de touristes.
Nous avons rendez-vous avec Walid, à l’avenue Bourguiba, haut lieu de la révolution tunisienne et de toutes les grandes manifestations.
Nous avons le plaisir de lui offrir "Dégage !", le texte du spectacle sur la révolution tunisienne que nous avons créė ensemble, que les Éditions du Cerisier viennent de sortir de presse et qui a tourné en France et en Belgique en octobre 2012 dans le Festival International de Théâtre action que nous organisons et qui est un festival en dissidence avec le FITA "officiel".
Mardi 26 mars
Ce matin nous tenons une réunion dont l’objet est de prėciser nos objectifs et les moyens pour les atteindre. Ce qui apparaît, c’est que ce ne sont pas les formes théâtrales qui font la "différence". Ce qui délimite notre approche, c’est l’implication dans les batailles menées par les classes populaires contre les oppressions de toutes natures, pour faire valoir leurs revendications.
Que ce soit avec un texte d’auteur, une crėation collective, ou encore du travail mené en atelier, c’est sur la question de l’engagement concret dans les luttes sociales que notre "différence" trouve sa dėfinition.
Un mouvement tunisien du théâtre action est en gestation. Issus de la révolution et des nouvelles possibilitės de s’exprimer, de nombreux jeunes Tunisiens se sont lancés dans cette aventure thēâtrale. Nous allons tenter de fédérer ces énergies avec d’autres, la nôtre, et toutes celles qui sont en accord avec ces conceptions.
Reportage son de Christian Lefaure - Attac
- À l’initiative de deux associations, l’une Belge, l’autre Tunisienne, un réseau de coopération vient d’être créé pendant le FSM à Tunis entre plusieurs troupes de divers pays francophones.
16H
Deux grandes tentes ont été installées sur l’allée centrale de l’avenue Bourguiba pour accueillir les participants et des expositions. Dans les rues voisines on croise une foule de délégués venus des 135 pays participants.
Le départ du cortège d’ouverture du FSM commence à 16H. Le ton est très combatif, la manifestation bien plus animée que les dėfilės auxquels nous sommes habitués. Des dizaines de milliers de personnes venues du monde entier envahissent l’avenue Mohamed V, au centre de Tunis, des représentants des travailleurs (la FGTB et la CSC sont présents avec de belles délégations), des chômeurs, des organisations de femmes, des minorités, des partis de gauche (on n’a pas vu de partis belges ?) et beaucoup, beaucoup de jeunes et parmi eux les filles occupent une place importante.
Plus de 70.000 participants et 4500 associations représentant plusieurs pays (dont un millier d’associations tunisiennes) participent à ce FSM.
L’ambiance est très chaude, des chants et de la musiques, des manifestants qui crient haut et fort, les couleurs des costumes nationaux, des drapeaux, les langues qui se mêlent, tout cela fait un peu tourner la tête.
Ensuite tout le monde se retrouve sur l’esplanade de la cité des sports d’El Menza pour le discours d’ouverture et un grand concert avec des artistes tunisiens et le chanteur brésilien GILBERTO GIL.
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