Les deux nouvelles têtes sont des petits bonshommes plutôt chouettes : plein d’énergie, d’idées, et surtout, hyper motivés avant même d’avoir commencer, ce qui n’était pas vraiment le cas des copains avec qui on avait commencé l’atelier... Nul besoin d’insister pendant un quart d’heure, de tenter des arrangements, d’essayer de les convaincre qu’une heure de théâtre c’est toujours mieux qu’une heure de rien du tout, et pis qu’on se marre bien quand même... On a vite commencé, et une bonne dynamique s’est mise en place tout de suite.
On a travaillé un long moment sur les émotions, en faisant des passages individuels. Chacun venait se placer devant le public, et venait dire une même phrase avec à chaque fois un autre sentiment ou état. “Je sors ce soir”. Les improvisations sur cette base se sont déroulées assez facilement, surtout pour des jeunes qui n’étaient pas coutumiers de ce type de travail.
On est arrivé à une scène absolument absurde, de quatre malades dans un hôpital : un garçon constamment plein de haine vient annoncer à une fille qui rigole tout le temps que sa mère vient de mourir. Une deuxième malade tente de calmer le garçon qui devient fou face à la fille qui prend tout comme une blague. Un autre, transi de froid, s’enquiert toutes les 30 secondes de la température...
Les discussions à la fin nous ont amené à considérer nos rapports à la violence. A la façon de réagir en cas d’agression, souvent par une agression encore plus forte. En échangeant, nous avons parlé de la nécessité d’avoir des soupapes, des échappatoires, nous permettant d’évacuer notre agressivité en la canalisant, en lui trouvant des expressions moins destructrices, tant pour notre entourage que pour nous-même. C’était plutôt émouvant d’avoir cette discussion avec de jeunes personnes, qui faisaient preuve d’une analyse et d’un recul plutôt admirables...
Mangroves, 29.02.12